Entretien Terre à Ciel : Jean Le Boël répond aux questions de Cécile Guivarch à propos de la Maison de Poésie de Paris Fondation Émile Blémont
1- Il me semble que nous ne pourrions pas parler de la Maison de Poésie de Paris – Fondation Emile Blémont, sans parler de celui qui l’a fondée. Cher Jean : qui était donc Emile Blémont ? Quelle était sa personnalité ?
Tu as raison : à tout seigneur, tout honneur ! D’autant que son cas est exemplaire : c’est celui d’un poète assez lucide pour ne pas s’obnubiler de sa seule création ; assez curieux et fin pour distinguer le génie là où ses amis hésitent ou sont carrément choqués ; assez généreux et visionnaire pour prolonger, au-delà de sa propre existence, son bienveillant soutien à la poésie. Émile Blémont, né Léon-Émile Petitdidier a vu le jour à Paris en 1839 ; il y est mort en 1927. Il ne s’intéressait pas qu’à la poésie, mais aussi au théâtre ; il fut proche de Victor Hugo, des Parnassiens et des Symbolistes ; c’est à lui que Rimbaud offrit le manuscrit du sonnet dit des Voyelles ; il fut traducteur d’Edgar Allan Poe, de Mark Twain, de Sterne et, dans la revue qu’il fonda en 1872 (La Renaissance littéraire et artistique), il publia la première traduction en français de Leaves of grass de Walt Whitman. Rien qu’à ces titres, il a déjà joué un rôle dans l’histoire littéraire. Mais chacune des rubriques que je suggère mériterait un long développement. Pour le connaître mieux, rien de tel que la lecture du Bonjour, M. Blémont, le mystérieux invité du Coin de Table et la bohème artistique et littéraire des années 1870 que lui a consacré Mathilde Martineau en 1998.
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