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Le Prix des Trouvères, jurés lycéens en 2025

Le Prix des Trouvères a été créé en 1965 par La Ville du Touquet à l’occasion de son salon du livre. À l’époque, il récompensait un unique poème. Le jury, composé de poètes de la région, mais aussi de célébrités, comme la comédienne Alice Sapritch, élut un texte de Georges Le Sidaner.

Le prix ayant été suspendu quelques années plus tard, Jean Le Boël fut chargé par les édiles de le relancer en 1994. Le fondateur et animateur d’Écrit(s) du Nord, actuel secrétaire de la Maison de Poésie – Fondation Émile Blémont lui donna un tour différent avec un règlement dont les grandes lignes ont perduré : recueils anonymes et non plus unique poème, jurés poètes et présidence tournante. En 2005, il lui adjoignit un petit frère : le même lot de manuscrits, moins le lauréat du jury adulte, choisi en novembre, est confié à des enseignants, amoureux de poésie, de lycées classiques ou professionnels de la Côte d’Opale, mais aussi de la capitale, à charge pour eux de les faire circuler parmi leurs élèves pendant trois mois, de novembre à février. Ceux-ci désignent des délégués, trois par établissement, qui les représentent lors d’une délibération finale qui a lieu alternativement au bord de la Manche ou à l’Hôtel Blémont, rue Ballu, dans le neuvième arrondissement de Paris, au siège de la Maison de Poésie. Cette dernière prend en charge les frais de déplacement des jeunes jurés et de leurs professeurs.

La liberté de ton et l’acuité de jugement de ces jeunes gens étonne. Placés en position de juger, et non d’être jugés, ils assimilent sans difficulté ces formes contemporaines de l’écriture poétique auxquelles leur formation ne les a pas suffisamment accoutumés ; ils font fi des réputations acquises, parce qu’ils les ignorent ; ils apprennent à se connaître et, surtout, ils transmettent à leurs successeurs une culture du Prix. La poésie contemporaine cesse d’être un épouvantail et les élèves des sections professionnelles ne s’avèrent ni moins compétents ni moins motivés.

Le prix débouche sur la publication. Le texte primé est accompagné d’une espèce d’évocation des échanges autour des titres en lice. À titre d’illustration, voici le paragraphe consacré à Petite mère de Susanne Derève, lauréate 2025 :

« Justine parle d’impact émotionnel à propos de Petite mère et elle résume le sentiment général. L’inversion des rôles de la mère et de la fille a touché Lindsay et Pauline. Ce sentiment est largement partagé malgré certaines légères réserves : le manque d’originalité et de prise de risque, selon Camille, ou le caractère répétitif pour Célia. »

Pas de langue de bois, donc, juste de jeunes âmes sans concession vibrant à l’unisson d’un texte.

JLB